J’ai souvenir d’un oncle, désormais à la retraite, qui laissait sa veste accrochée sur sa chaise le vendredi en fin d’après-midi pour pouvoir partir tranquillement en week-end. C’était la seule façon qu’il avait trouvée – dans cette entreprise du milieu bancaire qui l’embauchait – de faire croire qu’il était encore présent. L’exemple est parlant : le seul critère d’investissement dans le travail reposait sur le temps de présence !
Avec le confinement, la question du lieu de travail sera amenée à évoluer dans les relations contractuelles. Ce lieu si caractéristique qu’il faisait – jusqu’ici – partie inhérente de la relation contractuelle. Parmi les mentions obligatoires du contrat de travail figure en effet le lieu d’exécution du travail. À la fois pour garantir au salarié un lieu fixe et prédéterminé qui ne peut être modifié sans son accord mais également pour permettre à l’employeur de fixer un cadre.
Avec l’émergence du télétravail (même confiné et répondant à des injonctions gouvernementales), la question du lieu de travail sera inévitablement amenée à évoluer. Peut-être sera-t-il moins question du lieu de travail que des lieux où le travail peut s’effectuer ?
Le corollaire d’une évolution du lieu de travail vers plusieurs lieux de travail, c’est que le critère d’évaluation du travail, jusqu’ici basé sur un un modèle où le temps de travail (vérifiable par la présence physique des collaborateurs) était prégnant, devra faire place à des modèles d’évaluation du travail reposant sur les notions de confiance et de responsabilité.
Le télétravail confiné a bousculé les habitudes et à obligé à lâcher prise pour les managers en mettant en place une confiance indispensable. Si les aléas du confinement en famille avec les devoirs des enfants scolarisés a été pour beaucoup une difficulté éprouvante, avoir la capacité d’organiser son emploi du temps, d’être mis en confiance par son manager et de savoir que l’investissement en temps de travail n’est plus le critère d’évaluation du travail offre des perspectives nouvelles.
Pour être heureux au travail, l’Homme a besoin de confiance. Besoin d’être considéré comme un adulte responsable, capable de prendre des décisions dans l’intérêt de l’entreprise. Ce confinement devra faire évoluer le travail en ce sens :
- tenir compte de la singularité de chaque personne et se préoccuper des personnes avec justice : demander à chacun en fonction de ses capacités,
- remettre la notion de responsabilité là où elle avait été oubliée, c’est à dire en donnant aux collaborateurs les moyens et les pouvoirs d’agir pour les tâches pour lesquels ils ont à rendre compte,
- obliger à mettre la confiance au cœur de l’entreprise, c’est à dire avant tout considérer les personnes comme adultes, capables d’alerter en cas d’erreur ou de dérives…
La responsabilité et la confiance sont deux notions indissociables. Trouver l’équilibre entre ces deux valeurs est une nécessité avant d’étendre le télétravail plus largement.
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